Levons les tabous ! En phase de gestation, des idées et craintes plus ou moins fondées concernant le bébé que l’on porte nous traversent inévitablement l’esprit. Comme je ne suis pas du genre anxieuse, j’ai accueilli avec curiosité ces petites troubles de quiétude tout le long de ma grossesse.

Pourquoi en faire un article ? Avouons-le, ça participe probablement à une sorte d’exorcisme des peurs de futurs parents, histoire de dédramatiser et relativiser les éventuelles (et probables) petites imperfections à venir. Mieux vaut qu’il soit roux plutôt qu’il lui manque un orteil quoi (rho ça va, humour).
Et puis pour éventuellement rassurer, voire préparer les individus soumis bien malgré eux à ces diverses élucubrations lors du développement in utero de leur progéniture : flipper modérément et ponctuellement pour certains trucs, c’est normal !

N’oubliez pas que pendant ce temps le petit est pépouse dans sa piscine chauffée et qu’il est préférable de rire de vos inquiétudes passagères plutôt que d’en faire des névroses. Il serait criminel de perturber ses précieux mois de sérénité.

Si le sujet ne vous fait que moyennement marrer et que vous cherchez de la désinvolture dans la lecture à venir, passez directement au 3e trimestre !

1er trimestre

C’est pas très jouasse mais fatalement, au départ, on craint les trucs extrêmes.

  • La non-évolution : eh oui, c’est tout fragile, personne ne nous ménage puisque ça ne se voit pas (et que souvent on ne l’a pas encore annoncé), alors la première inquiétude légitime est que ce petit amas de cellules ne s’accroche pas bien.  Ce tourment est bien évidemment majoré en cas de fausse(s) couche(s) précédant cette fécondation la.

–  Un petit truc bien pratique pour se rassurer : se procurer un doppler à usage domestique pour écouter de temps en temps le coeur de l’embryon (à partir du moment où c’est décelable) et s’assurer qu’il bat toujours. Une amie m’a prêté le sien et je dois dire qu’au départ il a constitué le saint Graal. Comme on découvre plein de symptômes, douleurs étranges comprises, de temps en temps une mini session est bienvenue pour éviter de charger la sensation de suppositions malheureuses. Attention toutefois à ne pas en abuser car d’une part les embryons ne seraient pas trop fans du concept, et d’autre part il faut éviter la dépendance psychologique à ce petit objet.

– Non ce qui suit ne va pas vous aider à apprivoiser cette peur viscérale, mais peut-être à la relativiser. La fausse couche n’est certes pas agréable et constitue toujours un traumatisme à plus ou moins long terme. Ceci dit, il est préférable qu’elle survienne précocement (durant le premier trimestre), et n’oublions pas qu’elle est très souvent due à une anomalie de développement. La nature est parfois cruelle mais indéniablement bien faite…

  • La spina bifida : bon ça c’est une angoisse assez personnelle ! Dans mon environnement professionnel j’ai eu connaissance très tôt de cette malformation monstrueuse et ça m’a toujours hantée… La canal vertébral contenant la moelle osseuse n’est pas fermé, ou de façon incomplète. Je vous passe les conséquence de cette embryologie défectueuse !

– Cela reste très rare. Les embryons ainsi mal formés, en général, ne sont pas viables.

– L’acide folique jouant un rôle dans le développement neurologique, les médecins conseillent de ne pas faire l’impasse sur la prise régulière (filez donc chez votre gynéco ou médecin traitant dès la découverte de la grossesse pour être supplémentée comme il se doit, certains en prescrivent même avant la conception en cas de désir d’enfant).

– Bon j’ai lu quelque part que les bains trop chauds augmentaient le risque… je ne sais pas trop quel crédit accorder à cette information mais dans le doute j’ai baissé la température de l’eau lors de mes ablutions quotidiennes. De toutes façons c’est meilleur pour la peau et pour la circulation (mais c’est difficile, j’aime tant quand ça fume !).

  • La toxoplasmose et la listériose : ça peut devenir une obsession pour la simple raison qu’on nous bassine avec ces deux infections comme si chaque geste du quotidien nous y exposait ! Ceci dit les heureuses immunisées contre la première seront plus peinardes.

– Honnêtement, pas de quoi fouetter un mammouth obèse, so calm down. Certes les conséquences peuvent être dramatiques, mais en me renseignant un petit peu j’ai pris conscience que de simples règles de bon sens suffisaient à éviter les réelles prises de risques. Personnellement, j’ai peu changé mes habitudes et ai décidé de ne pas adopter un comportement de maniaque obsédée. Inutile donc de sombrer dans la psychose en diabolisant tout et tout le monde.

Je n’ai pas envoyé mes deux chats en exil, je me lave simplement les mains correctement ! Si vous avez un minimum de notion d’hygiène et que vous acceptez de vous passer de charcuterie de terroir et de fromages artisanaux pendant quelques mois (cuits ça passe héhéhé), pas de gros chamboulement insurmontable en perspective. On peut même y trouver des avantages secondaires en se vengeant légitimement sur le reste du repas, alors prenez les choses avec philosophie 🙂

2e trimestre

Le petit d’homme est bien installé, mais l’échographie n°1 ne nous a montré qu’une espèce d’haricot avec quelques membres vaguement repérables. C’est le temps des appréhensions de développement, parce-qu’on se demande farouchement comment cette petite chose peut aboutir à un être d’aspect humain.

L’échographie du second trimestre vous rassurera indéniablement sur la plupart de ces points.

  • Les membres manquants ou anormaux : inutile de développer, on pense tous à ça de prime abord ! Et s’il lui manquait un pied ? Un doigt ? Si son bras ne pouvait pas s’articuler ? S’il naissait avec des palmes ou des trucs fusionnés ?
  • Défaillance des organes vitaux : c’est franchement l’angoisse d’envisager une malformation cardiaque, un rein moisi ou de la flotte à la place du cerveau ! La perspective d’un enfant gravement atteint avec tout ce que cela comporte m’a assaillie soudainement un jour, fort heureusement j’ai chassé cette éventualité avec une facilité déconcertante (comme quoi on se découvre à chaque nouvelle aventure de la vie).
  • La maladie grave : dans le même registre réjouissant, le cancer congénital, la mucoviscidose, la trisomie (vite écartée grâce aux tests systématiques en France), les maladies orphelines et toutes leurs copines ignobles sont sources de frayeur à ce stade. Comme je l’ai dit plus haut, ce fut fugace pour moi. Mon état d’esprit résolument optimiste a primé, hourra !
  • Le bec de lièvre (on dit fente palatine ok ok mais les gens comprennent moins bien) : parce-que même si ce n’est pas grave du tout, ce soucis est susceptible de ternir les premières visions fantasmées de notre futur enfant que l’on souhaiterait innocemment parfait (hin hin hin hérésie !).
  • L’anomalie sexuelle : elle m’a juste traversé l’esprit mais je me suis dit « ouah le bad ! »
  • La prématurité : inutile d’expliquer pourquoi elle ne constitue pas une option très tentante tant que l’on a pas passé la barre salutaire du 6e mois.

3e trimestre – partie ludique

Alors là, ça devient intéressant, parce-que bien moins dramatique et souvent irrationnel. Maintenant que l’échographie du second trimestre (totalement grisante !) nous a prouvé que tout allait  pour le mieux et que notre rejeton était bien de type humain avec tout ce que cela comporte, il faut bien trouver de nouveaux flippes pour s’occuper.

Ca devient très concret, il gigote, grossit, la naissance approche et avec elle la rencontre de cet alien inconnu dont on ne sait finalement rien (ah si, c’est un humain on a dit).

  • Les tares physiques des parents : nous nous sommes amusés, histoire de se préparer au pire, à combiner tous nos défauts physiques (les yeux globuleux de son papa, le nez de sorcière de sa maman…). Bon au final ça donne un petit être plus ou moins monstrueux difficile à imaginer mais qu’on aimera quand même comme des fous.

  • Les mollets : oui parce-que pour tout vous avouer, mon homme a de sacrés mollets… du genre qui restent coincés dans le pantalon au déshabillage. Comme à l’écho je les ai trouvés déjà bien dessinés, j’ai visualisé mon bébé avec des mi-jambes totalement démesurées. Pour rendre l’affaire plus légère, j’ai commencé à blaguer sur la difficulté de passage. Jusqu’à ce que l’idée qui suit balaye cette théorie saugrenue.
  • La taille de la tête : rhaaaa horreur ! La dernière échographie a révélé un périmètre crânien absolument impressionnant… C’est là que ma belle-mère m’a informée que le futur papa avait justement un crâne énorme à la naissance. Ca a fait rire tout le monde, moi ça m’a calmée deux minutes. La preuve encore une fois que nous ne sommes jamais assez bien préparés ; on ne pense pas à se renseigner sur ce genre de choses avant la conception d’un enfant !
  • L’abondance de cheveux : je ne sais pas pourquoi, les nouveaux-nés avec beaucoup de cheveux m’ont toujours mise mal à l’aise ! Il n’y a aucune explication cohérente, je trouve juste ça bizarre (un petit côté Benjamin Button peut-être ?). Bref, j’espère qu’il n’en aura pas trop (c’est débile, je sais !).
  • La voix insupportable : force est de constater que les bébés ne sont pas dotés des mêmes cordes vocales, ou du moins n’en font pas le même usage vibratoire. D’où mon angoisse d’engendrer un petit geignard à la voix suraiguë, source de terreurs subites allant jusqu’à l’agonie auditive ! Je crois que c’est ce qui serait susceptible de me mener le plus promptement à l’épuisement psychologique.
  • Les poils-duvet : j’ai déjà vu des tous petits recouverts d’un duvet particulièrement sombre et abondant… Bah je suis désolée, je ne contrôle pas, ça me dégoûte ! En mode tu viens de donner naissance au bébé de Chewbacca… Beuhaaaa !
  • Sans oreilles : et soudainement, la vérité nous éclate en pleine face. Alors que l’on était persuadé d’avoir tout bien vérifié lors des trois échographies réglementaires, on prend conscience que personne ne nous a rien dit concernant les oreilles ! Et s’il en était dépourvu ?? Ma hantise dans ce cas précis serait que par la suite, il ait besoin de porter des lunettes… Plutôt gênant.
  • La laideur extrême inavouable : j’ai eu beau faire des pactes (à base de « promets moi de me dire si mon enfant est moche, je ferai pareil pour toi »), plus le temps passe et plus je me dis qu’il semble difficile pour les parents tous neufs de prendre conscience de la mocheté de leur rejeton. Il n’est pas plus évident pour un tiers de leur faire remarquer… La sincérité fort louable expose alors à de vilains sentiments en retour.

Donc voilà, j’ai peur qu’il soit super laid, de ne pas m’en rendre compte et que personne n’ose me le dire. Je vais guetter les phrases neutres à la maternité (ou alors je m’en ficherai éperdument, trop occupée à m’émerveiller et toute sonnée par mes nouvelles responsabilités).

  • La surprise génétique : c’est une loterie, on le sait bien. On a tous entendu parlé de cas surprenants, faibles probabilités qui étonnent et amusent tant que cela ne nous concerne pas. Mais si vous savez, le petit gène qui traîne depuis des générations et qui s’exprime sans crier gare ! Il y a certains suspenses qui angoissent.

Sincèrement, si mon enfant naît de la mauvaise couleur ou avec les yeux bridés, j’émets des réserve quant à la douceur du regard de mon amoureux à la première seconde de découverte de notre enfant ! Le trouble ultime qui pourrait venir pourrir totalement cet instant magique ; gène des soignants et doute inévitable du papa traumatisé. M’enfin, c’est le jeu de la vie ^^

  • Les ongles démesurés : quand j’ai appris qu’ils poussaient jusqu’à nécessiter des petites moufles anti-scarifications à la naissance (oui parce-qu’on ne doit pas les couper de suite paraît-il), j’ai inévitablement pensé à un petit monstre pourvu de griffes accérées !
  • Les surnoms nuls qui persistent : on nomme assez précocement l’être qui grandit en nous. Au début il n’a pas de prénom, ou alors il est modifié en cours de route, et puis même quand il en a un bien défini on continue à lui donner des petits sobriquets parfois ridicules. On a tendance pour garder le secret tout en plaisantant avec les proches à l’appeler par un prénom inadapté. Bon eh bien ça peut paraître bon enfant tout ça, mais j’ai comme un pressentiment que tous ces petits surnoms ne disparaissent pas comme par magie le jour de la naissance.

Prénom féminin exclusif utilisé les premiers mois de gestation (avant qu’on se rende à l’évidence : notre connexion à l’univers n’est pas de mise cette fois-ci, il va falloir trouver un prénom masculin), « le mioche » (pour prendre un air dégagé, du genre je reste super cool même enceinte), « Patrick » (pour la Saint Patrick,… oui je sais…), « le gigot », et j’en passe !

Mon cher TOI, bienvenue dans ce monde de cinglés.

Jeunes / futurs parents, soyez sereins ! Les petites angoisses qui jalonnent ce parcours aventureux de donneurs de vie ne doivent pas occulter la magie de ce qui est en train de se produire. Quelque soit son poids, son caractère, sa date d’arrivée, la forme de son nez, la couleur de ses cheveux ou la taille de ses pieds, il s’agit de toutes façons pile du bébé que l’on attendait sans le savoir.

Cette liste non-exhaustive est née de mon cerveau passablement dérangé par l’afflux hormonal. Je serais curieuse d’apprendre quels sont ou ont été vos flippes personnels, alors si vous voulez me faire marrer ou vous libérer d’un poids, n’hésitez pas à vous livrer en commentant l’article !

Bisous et gardez la pêche !

Lilou le cachalot

Crédit images : Fabilicieux <3